A la surenchère populiste, les démagogues seront toujours les plus offrants
« Des récents sondages ont placé Madame Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Dans l’agitation politico-médiatique qui s’en est suivie, les leaders du Parti Socialiste ont cru bon d’accuser le Président de la République d’être la cause d’une montée de l’extrême droite.
Cette accusation, comme toujours reprise en boucle par certains « commentateurs » très engagés de l’actualité, s’assimile à une de ces supercheries dont se nourrit le Parti Socialiste français, décidément bien archaïque et incapable d’offrir un discours moderne, certes d’opposition mais constructif, et préférant se complaire dans la critique systématique et primaire de Nicolas Sarkozy.
En effet, d’une part n’oublions jamais qu’historiquement, le meilleur allié du Front National fut… François Mitterrand, qui fit tout pour permettre au mouvement d’extrême droite d’émerger et de gêner le Centre et la Droite Parlementaire, en particulier par l’adoption du scrutin proportionnel en 1986.
N’oublions pas non plus que le Front National s’est retrouvé au second tour de l’élection présidentielle, non pas de façon virtuelle dans un sondage, mais par les urnes, en 2002, et non pas après cinq ans de politique de Nicolas Sarkozy mais bien cinq ans de gestion socialiste, sous la houlette du Premier Ministre Lionel Jospin.
N’oublions pas enfin que Madame Le Pen se renforce aujourd’hui sur le terrain du social, sur lequel les socialistes s’avèrent incapables de formuler des propositions audibles et crédibles.
Plus grave, les attaques répétées, violentes et systématiques contre le Président de la République – contre sa personnalité même – et le Gouvernement créent un climat de populisme qui alimente aujourd’hui pleinement le « Lepénisme ».
L’utilisation répétitive comme épouvantails des mots « mondialisation », « délocalisations », « ultralibéralisme », « stock options », etc., réunit ceux qui à gauche comme à droite refusent de voir que l’essentiel de nos problèmes vient non pas des « autres », mais bien des rigidités de la société française, qui fait la part belle à toutes les revendications et décourage les classes moyennes, les salariés et patrons de PME, de commerces, les artisans, les professions libérales, les jeunes porteurs de projets, etc. La France protégée sclérose la France de la vie réelle… Les avantages acquis des uns font la précarité et le chômage des autres. Et enferment notre pays dans la dépense et le surendettement publics.
Face à ces problèmes lourds de notre société, qui renvoient à la question du pouvoir d’achat mais surtout à la capacité d’espérer des classes d’âge qui vont devoir assumer la France d’aujourd’hui et de demain, les socialistes auraient pu faire valoir leur différence sur le fond en apportant leurs arguments. Mais ils préfèrent les postures, les procès d’intention, en sorcellerie, la diabolisation a priori à la comparaison a posteriori des idées, des valeurs et des propositions des uns et des autres. Et ils tirent l’offre politique vers le bas.
C’est cette facilité de l’humeur, de la flatterie, de la « bien-pensance » vêtue des oripeaux de l’indignation, qui porte un grave discrédit à l’action politique en général, et profite finalement aux extrémistes.
Cette conclusion s’adresse à tout l’éventail du champ politique, y compris au mouvement auquel j’appartiens, car chacun a sa part de responsabilité : ne cédons pas à la facilité de la simple compassion et de la recherche des suffrages par la peur, l’émotion, l’effet d’annonce. Car à la surenchère populiste, les démagogues seront toujours les plus offrants. Et donc les gagnants.
Notre chemin et notre responsabilité sont de déployer avec sérénité, fermeté et sens des réalités nos projets, nos actions concrètes, nos explications. Il faut avoir le courage, la pédagogie et la constance de rétablir une vie politique basée sur la raison dans la durée et non l’émotion dans l’instant.
Et affirmons dans les actes notre vocation – c’est ma conviction – d’agir au service des classes moyennes, c’est-à-dire de la majorité silencieuse des Français, trop riches pour bénéficier d’un système social à bout de souffle et qui conduit à l’assistanat, et trop pauvres pour échapper (notamment par les niches fiscales) à un système d’impôts et de charges confiscatoire, qui pénalise le travail et l’initiative.
L’enjeu dépasse de loin les simples échéances électorales : il concerne l’avenir de notre pays et la vitalité de notre démocratie. Il concerne une certaine idée de la France.»
David Lisnard, le 11 mars 2011
Au sujet de cet article
4 Commentaires
DiMax06 14 mars 2011 - 15 h 24 min
Et surtout n’oublions jamais les « succès » du FN à Vitrolles et à Toulon.
Combien d’années aura t’il fallu à ces villes pour se remettre de la gestion catastrophique et ultra clientéliste des époux Mégret et Chevalier ?
Est-ce cela que les français souhaitent pour notre pays ?
LAPEROU François 14 mars 2011 - 16 h 00 min
Que devrait-on demander à un élu ?
Prenons le cas d’un élu local, un maire par exemple.
La première chose c’est bien sûr l’honnêteté.
Nous lui confions notre argent, par nos impôts, la moindre des choses ce serait qu’il ne nous vole pas.
La deuxième c’est qu’il soit compétent pour gérer cet argent dans l’intérêt de tous et non de ses affidés. Le clientélisme ne devrait pas avoir droit de cité.
La troisième c’est d’être travailleur, car à quoi cela servirait-il d’être honnête et compétent si on est fainéant.
La quatrième est de savoir s’entourer.
En effet on ne peut pas tout faire soi-même, aussi faut-il avoir une équipe autour de soi où la qualité prime sur le copinage.
Enfin la cinquième est de savoir se faire apprécier sinon aimer, car pour avoir des suffrages, encore faut-il que l’électeur trouve un intérêt à choisir le bulletin de tel ou tel candidat.
C’est là que le bât blesse.
Les 4 premiers critères sont des critères raisonnés, dans le sens où l’intérêt collectif prime sur l’intérêt individuel.
Le cinquième peut relever du seul intérêt individuel.
Les démagogues ont vite fait leur choix.
Ils vont à l’essentiel, le bulletin de vote, et flatte l’électeur.
Eternel problème, même Charles de Gaulle en a été victime.
Pour ne pas y sombrer, il faut de la fermeté d’âme et être prêt à vivre le sentiment d’injustice que peut donner le résultat d’une élection démocratique.
Il n’y a pas si longtemps, il s’en est fallu de peu…à Cannes.
Maintenant le grand art pour un candidat à une élection est d’être VRAI et JUSTE et savoir se faire apprécier pour cela.
Vaste programme.
Si gérer une ville comme une entreprise est nécessaire, la vivre dans toutes ses composantes comme une grande famille l’est tout autant.
tom 15 mars 2011 - 18 h 03 min
Bonsoir, en accord avec votre citation: »A la surenchère populiste, les démagogues seront toujours les plus offrants »
A mon sens, la classe politique doit, dans son ensemble, comprendre qu’il faut récompenser la valeur travail et ceci à tous les niveaux, autant pour la sphère privée que publique ( Aussi bien PDG qu’employé au bas de l’échelle principe de la redistribution des profits du service ou de la production qualitative rendue).
Bien des maux de notre société proviennent certes de l’assistanat mais également des emplois précaires, du cout de la vie sur les produits de premières nécessités ( alimentation,Hygiène, énergie, carburant… et non savoir si le cout d’un plasma est moins chère cette année que l’an passée ).
Bref, le pouvoir d’achat est, à mon sens, au centre des débats et des maux de notre société.
Pour exemples:
1/pouvoir d’achat-Sécurité. Vivre décemment avec son salaire permet au moins de réfléchir à deux fois avant de tomber dans la délinquance.
2/pouvoir d’achat et quotidien. Vivre, et non subsister, avec un salaire permettant de ne pas être déficitaire tous les mois, donner à manger à sa famille et ne rien devoir à personne, offre des perceptives de vie sereine.
Bref, le pouvoir d’achat est bien au centre du populisme. S’il ne faut pas être fataliste, s’il ne faut pas vendre du rêve, il faut maintenant clairement définir des objectifs pour sensibiliser le peuple. La réforme oui, la rigueur si nécessaire ok, mais ensuite faudra être responsable et présenter les comptes.
Des résultats probants seront déterminants dans le combat contre le populisme et la réconciliation, dans sa plus grande majorité, du peuple avec ses politiques de courants vecteurs de véritable projet pour l’avenir.
Euzenot-Furiga 21 mars 2011 - 12 h 52 min
39,76% c’est le score du candidat du FN sur la Bocca, le record revenant au bureau 55 secteur des Oléandres avec 45,06%. Qui peut sérieusement se réjouir de ce score qui rappelle quand même à certains qu’il est encore long le chemin ou ils pourront faire « main basse sur la ville ».
Plus sérieusement les frontistes se servent du constat que le Président Sarkosy a fort justement rappelé le 2 février 2011 c’est à dire « l’échec du modèle multiculturel », car il y a bel et bien échec. Il faudra, à froid, en tirer les enseignements et trouver ensembles les solutions avant que la catastrophe n’arrive.