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QUAND HONNEUR ET HONNEURS NE SONT PAS CONTRADICTOIRES
« Le Président de
Honneurs et honneur ne sont donc pas forcément opposés.
Car, si la vie d’Hélie de Saint Marc a un fil conducteur, c’est bien celui de la valeur de l’honneur, vertu cardinale de son humanité et source d’une forme de grâce : la grâce d’un homme qui, dans le doute et face aux circonstances parfois contradictoires de l’histoire, a toujours tranché pour ce qu’il pensait être le choix de la dignité ; la grâce de la foi aussi, en Dieu comme en l’homme et en l’avenir.
Oui, le Président de
Dans un pays si divisé, en doute, notamment dans son rapport avec son histoire et son identité, la figure emblématique d’Hélie de Saint Marc peut servir de facteur de concorde, de catalyseur de sagesse collective et, toutes proportions gardées, incarner le nécessaire rassemblement de la nation française. Parce que lui-même a réussi au gré des années à concilier par le haut des tensions et ressorts humains opposés.
Son exemple, c’est bien-sûr celui du héros combattant, au courage physique et moral jamais en défaut dans sa vie de résistant, de soldat et de déporté. Mais pas "seulement". Il est en même temps simple et complexe, héroïque et nuancé, lucide et positif.
Engagé dans
Toujours, Hélie de Saint Marc a agi avec courage, simplicité et clarté dans ses choix.
Le deuxième ingrédient de la réconciliation que porte en lui Hélie de Saint Marc, c’est celui du sens de la nuance qui contraste avec la vision souvent manichéenne de la figure du soldat. A la fois héros et proscrit, dans la complexité de la guerre d’Algérie, il incarne toutes les contradictions françaises.
Il fit en effet le – mauvais – choix du soutien au putsch avorté d’avril 1961. Cela lui valut d’être arrêté en tant que conjuré et d’être condamné, lui l’homme qui se voulait au service de la patrie. Cette fois-ci, la légitimité historique n’était pas du côté de la rébellion, contrairement à 1941. Mais l’honneur, celui de sa conscience, était sauf à ses yeux.
L’enseignement du parcours d’Hélie de Saint Marc permet donc de saisir les subtilités du rapport qu’entretient l’homme avec les circonstances de l’histoire, lesquelles, au moment où il les vit, sont des faits d’actualité, "chauds", appréhendés sans possibilité de recul.
Honorer aujourd’hui l’ancien résistant et combattant mais aussi conjuré, c’est inviter chaque Français à s’interroger sur l’histoire récente de son pays, pour la comprendre et l’intérioriser avec apaisement dans toutes ses dimensions.
La force précisément apaisante, réconciliatrice, en quelque sorte transcendante, d’Hélie de Saint Marc, m’est apparue évidente à la lecture de ses ouvrages, notamment l’année dernière de son livre autobiographique, L’Aventure et l’Espérance. J’avais d’ailleurs tenu à le citer lors de mon discours de vœux en janvier 2011, en plaçant mon propos sous les auspices de cette citation si forte: "Je suis sans illusions, mais pas sans espérance".
Telle est la troisième vertu, constructive, de l’élévation à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’Honneur d’Hélie de Saint Marc par le Président de
Ce que représente Hélie de Saint Marc, c’est le contraire du confort de la posture de l’indignation, c’est aussi le contraire du mythe d’un supposé âge d’or de
NI INSUPPORTABLE, NI IMMANQUABLE, MAIS TRES RECOMMANDABLE « INTOUCHABLES »
« Depuis que le mièvre et blafard Bienvenue chez les ch't's a fait plus d’entrées en salles que la mythique et truculente Grande vadrouille, j’évite de me jeter sur les derniers succès populaires imprévus. Il fallait bien un jour vaincre ce blocage. Je le dois à ma fille aînée, qui a insisté pour que nous allions voir Intouchables.
Elle a bien fait.
Bien sûr, il serait aisé – et il sera de bon ton pour certains – de souligner telle ou telle faiblesse dans le film, telle ou telle scène "cliché", téléphonée, voire surjouée. Pourtant, l’immense succès, dû au bouche à oreille, me semble en l’occurrence totalement mérité pour cette œuvre dont l’impact peut en faire l’un de ces longs métrages qui marquent une époque.
Tout d’abord, Intouchables est un bon film, bien réalisé, intelligemment scénarisé, monté avec rythme et maîtrise. Pour le dire autrement, ce n’est pas un nanar.
Ensuite, il y a le bonheur des gentilles transgressions du politiquement correct sur le handicap, jamais méchantes et rafraîchissantes.
Ce qui plait aussi, me semble-t-il, c’est qu’Intouchables montre une France à la fois dans son époque et plutôt belle. Il en est ainsi des (quelques) paysages ruraux filmés comme urbains, avec une banlieue montrée sans complaisance mais de façon esthétique.
Enfin, l’essentiel du succès du film, de son attrait, et – comme dans toute œuvre culturelle réussie – de son utilité, est évidemment à chercher dans les barrières qu’il brise.
L’homme blanc, très riche, habitant dans le centre de Paris et le jeune homme noir, pauvre, de la banlieue, assument ce qu’ils sont, sans se laisser enfermer dans des tiroirs.
Ils ont chacun leurs souffrances et leurs espérances. Ils sont tous les deux habités d’une spontanéité positive, rieuse et contagieuse. Ils ont entre eux les liens de la curiosité, de l’intelligence, de l’humour et de
La gageure, l’exploit, d’Intouchables est de parvenir, sans les niaiseries habituelles, à montrer ce qui rassemble et non ce qui divise.
Cette œuvre est généreuse. Son immense et croissant succès témoigne dans une certaine mesure d’un profond besoin d’apaisement social, d’un profond besoin d’échapper à l’enfermement du déterminisme, d’un profond besoin de compréhension mutuelle et de liberté individuelle.
Une belle leçon. Elle vient d’un film, populaire, partagé et commenté dans les familles. Elle peut influencer utilement les politiques. J’ai envie d’y croire.»
Faire le Jobs
"Le décès cette nuit de Steve Jobs fait beaucoup réagir, à juste titre, sur la blogosphère. "Inventeur", "génie", "guide", feu le patron emblématique d'Apple mérite certainement en tout ou partie d'être désigné ainsi. Mais je crois que le meilleur mot, le plus juste (et à mon sens le plus beau) pour qualifier Steve Jobs est celui d'ENTREPRENEUR.
Steve Jobs restera comme un des plus grands entrepreneurs mondiaux de tous les temps ; de ceux qui imprègnent l'histoire de l'économie, à l'instar des Henry Ford, François Michelin, Akio Morita, ou encore Aristide Boucicaut, Harley Procter, John Rockefeller, Andrew Carnegie, et, pour revenir à notre époque, Bill Gates.
Tous, par un mélange de créativité et de rigueur, d'intuition et d'abnégation méthodique, ont su être des immenses "producteurs de valeur". Ils ont pour cela bouleversé soit un processus de production, soit un mode de distribution, soit un rapport au consommateur, dont ils ont toujours su anticiper les besoins, les attentes, les désirs diffus, transformés à travers la matrice capitaliste en offre commerciale cohérente, génératrice de profit et d'emplois. Et de satisfaction du client.
Evidemment, avec ses partenaires – en premier lieu Steve Wozniak – et ses équipes, Steve Jobs appartient à ce club très fermé des entrepreneurs qui ont changé le monde. Apple a changé notre paysage quotidien et notre façon de communiquer, d'apprendre, d'échanger.
Entrepreneur car visionnaire. Steve Jobs a pressenti mieux que quiconque l'avènement de "l'âge de l'accès", pour reprendre l'expression de Jeremy Rifkin, qui voit l'individu aspirer de plus en plus à bénéficier de l'usage, à vivre et partager une expérience, un avis et un savoir. Rendre l'usage informatique et numérique, dans toutes ses composantes, facile et ludique, partir du plaisir du consommateur et non de celui de l'ingénieur, ici réside le grand apport du cofondateur de la marque à la pomme.
Entrepeneur car rigoureux. Les fondamentaux financiers n'ont pas été laissés de côté. N'oublions pas que l'histoire de Steve Jobs est celle de l'épopée industrielle d'Apple, société inventive certes, mais aussi au management exigeant et gérée avec l'indispensable précision qui font les grandes capitalisations, les grands profits, les grandes marques durables.
Entrepreneur car audacieux. Steve Jobs a su prendre des risques et faire le pari que "ce qui est beau est acheté". Surtout, il a su se relever de ses échecs et s'en nourrir. C'est une des caractéristiques des entrepreneurs à la fois les plus nécessaires et les moins évidentes dans l'esprit français.
Aujoud'hui, la préoccupation majeure de notre société devrait être de chercher à faire émerger les nouveaux Steve Jobs. Il y en a certainement de potentiels près de chez nous, dans nos dynamiques grandes villes, dans nos attractives campagnes, dans nos banlieues, si porteuses de jeunesse énergique et de talents.
Si vous pleurez Steve Jobs, alors vous devez soutenir ce qui est favorable à la création et au développement d'entreprises, y compris par une fiscalité compétitive. Steve Jobs a existé comme patron génial aussi parce qu'il était à San Francisco et la Silicon Valley, dans un environnement si positif pour l'aventure entrepreneuriale.
Nous devons développer des "écosystèmes" économiques et sociaux générateurs de "fertilisation croisée" et de projets d'entreprises, grâce à la rencontre entre formation, culture, transports en commun, très haut débit, logements pour actifs, bureaux d'entreprises, marketing territorial. La mission des politiques est là.
Favoriser la créativité, donner confiance aux individus pour qu'ils osent tenter, transmettre le goût du risque et en faire une valeur positive, soutenir les porteurs de projet, décomplexer l'échec mais exiger la rigueur dans la mise en oeuvre des projets, former aux métiers de l'entreprise, promouvoir la différence et la liberté individuelles dans le respect des fondamentaux comptables et des valeurs communes, faciliter le financement des projets, bref, encourager la démarche entrepreneuriale, voilà l'exigence de notre époque, si nous voulons sortir de la crise, retrouver de la compétitivité, donner des perspectives à notre jeunesse et une espérance à notre pays.
Pour "faire le Jobs", faisons de lentreprise la cause nationale du prochain mandat présidentiel." David Lisnard, le 6 octobre 2011
Mardi 6 septembre 2011: Réaction au projet d’amendement Carrez sur la taxation des Hôtels 4 et 5 étoiles
J’ai appris hier que Gilles Carrez, Rapporteur général du Budget, prévoyait, dans le cadre du Projet de loi de Finances rectificative pour 2011, un amendement à examiner aujourd’hui, mardi 6 septembre, créant une taxation supplémentaire sur les chambres d’hôtels 4 et 5 étoiles à partir de 150€ (voire 200 € selon les sources).
Voici ci-dessous le communiqué de ma réaction immédiate afin de s’opposer à une telle disposition.
Communiqué :
Amendement Carrez : David Lisnard, mobilise les communes touristiques et défend l’emploi.
David Lisnard, Premier Adjoint à la ville de Cannes et Président de la SEMEC (Palais des Festivals et des Congrès) a dès hier soir alerté les maires des grandes villes, à la suite d’un projet d’amendement déposé par Gilles Carrez, rapporteur général du budget, dans le cadre du Projet de loi de Finances rectificative pour 2011 qui prévoit d’instaurer une taxe spécifique pour les hôtels 4 et 5 étoiles.
Si elle était adoptée, cette mesure aurait des conséquences très dommageables pour l’activité touristique française et les grandes villes de France, qui sont notamment les principales destinations d’affaires (salons professionnels, congrès, conventions, séminaires etc..), en affaiblissant la compétitivité du parc hôtelier français par rapport à la concurrence européenne et mondiale.
Pour David Lisnard, « la taxation supplémentaire de nos entreprises touristiques est tout le contraire de la rigueur : c’est de la facilité. La rigueur, c’est de réduire les dépenses. La facilité, c’est d’augmenter les prélèvements en jouant sur la démagogie. Les premières victimes d’une telle évolution fiscale ne seront pas » les riches », mais bien le personnel des hôtels ».
Il poursuit en invitant les parlementaires à se concentrer sur la réduction des dépenses, la lutte contre les doublons et les gaspillages résultant du fonctionnement des administrations et d’insister : « Dans une France championne des charges sociales, cessons de pénaliser ce qui fonctionne et de faire payer ceux qui entreprennent encore en France, créent de la richesse et de l’emploi. Ce n’est pas en plombant notre compétitivité que nous redresserons nos finances publiques ». Le tourisme représente plus de 6% du PIB national, 8% des emplois en France et constitue le premier poste excédentaire de la balance des paiements.
En rappelant que la dépense publique représente 55 % du PIB français, David Lisnard revendique l’absolue urgence d’un programme de rigueur budgétaire sans que cette orientation saine et indispensable ne se traduise en gadget démagogique : « il faut être clair, la rigueur cela doit d’abord être la baisse des dépenses publiques, pas l’augmentation systématique des prélèvements fiscaux et des charges sociales déjà très pénalisantes pour nos entreprises en France ».
Et David Lisnard de citer Voltaire, dans le Sottisier : « On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres » ; il appelle les parlementaires des villes touristiques à faire mentir le philosophe.
En insistant sur le risque de perte de compétitivité au détriment des salariés des établissements 4 et 5 étoiles français, qui offrent le panel le plus vaste en termes d’emplois (femmes de chambre, voituriers, gouvernantes, concierges, etc.), l’élu conclut : « l’amendement sur le point d’être examiné par la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale relève d’une logique masochiste, qui sanctionne la performance et pourrait se résumer de la façon suivante : « le tourisme fonctionne encore en France ? Surtaxons-le. Favorisons nos concurrents, donc le chômage » ».
EN DEBAT : Réflexions sur la bulle immobilière et le sauvetage du système bancaire
Reflexion bulle immobilière et sauvetage du… par Dlisnard
Intercommunalité : Cannes plaide pour un Grand Ouest azuréen unifié à l’échelle Antibes – Cannes – Grasse
Interview de David Lisnard sur l'intercommunalité par Dlisnard
Tribune de Bernard Brochand, Député-Maire de Cannes, et de David Lisnard, Conseiller général des Alpes Maritimes, pour une grande intercommunalité ouest.
La loi du 16 décembre 2010 dite de réforme des collectivités prévoit l’achèvement de la carte intercommunale. Au 1er juin 2013, toutes les communes de France devront être membre d’un EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunale) à fiscalité propre, c’est-à-dire selon la classification légale, soit une communauté de communes, soit une communauté d’agglomérations, soit une communauté urbaine, soit une métropole (pour les entités supérieures à 500 000 habitants).
Cette intercommunalité, à renforcer sur certains secteurs, et à constituer pour les communes dites « isolées », ne saurait que répondre à une obligation légale. Elle peut et doit permettre de porter une ambition. Car il vaut mieux choisir que subir.
Dans l’ouest des Alpes-Maritimes, cette future intercommunalité doit non seulement respecter les termes de la loi qui dispose que : « dans chaque département, il est établi, au vu d’une évaluation de la cohérence des périmètres et de l’exercice des compétences des groupements existants, un schéma départemental de coopération intercommunale prévoyant une couverture intégrale du territoire par des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre et la suppression des enclaves et discontinuités territoriales », mais aussi le principe fondamental de liberté d’administration des collectivités, en premier les mairies, qui constituent l’échelon le plus efficace et identifié de la démocratie de proximité, auquel sont légitimement attachés les habitants. Elle doit aussi respecter l’identité de chaque commune, quelle que soit sa taille, et la souveraineté populaire, sans s’imposer comme une « couche bureaucratique supplémentaire et un machin » technocratique, consommateur d’argent public et éloigné des réalités de gestion de terrain, des préoccupations quotidiennes des administrés comme de leurs représentants élus.
Or, élus au suffrage universel direct, et responsables du devenir des territoires sur lesquels nous avons reçu mandat, nous affirmons notre aspiration à un développement territorial équilibré et démocratique. Nous appelons à ce que cette intercommunalité à fiscalité propre, désormais obligatoire, ne se fasse pas par défaut mais soit l’opportunité d’un saut qualitatif, porteur de performances et de qualité de vie, de l’organisation politique et administrative locale.
Dans cet esprit, le périmètre le plus pertinent nous semble indéniablement être celui de la grande agglomération d’Antibes-Cannes-Grasse, qui fait d’ailleurs déjà l’objet d’une réflexion dite « inter SCOT » (Schéma de Cohérence et d’Organisation Territoriale). Ce périmètre est d’ailleurs retenu par l’Etat lui-même (à quelques communes prés), pour l’organisation de ses services déconcentrés à travers l’existence de l’arrondissement de Grasse qui couvre aussi Cannes et Antibes. L’INSEE raisonne aussi à ce niveau.
Une telle échelle d’intercommunalité, par sa dimension, permettrait à la fois de développer une ambition collective sur les plans économiques, des services publics et identitaires, mais aussi de respecter le pouvoir décisionnel des communes qui le composent en empêchant la domination d’une seule ville-centre.
En outre, ainsi organisée, l’intercommunalité de l’ouest des Alpes-Maritimes correspondrait à une vision équilibrée du département, en faisant le pendant de la métropole niçoise. Cannes-Grasse-Antibes constituerait le territoire azuréen le plus prospère, porteur de valeur ajoutée et d’emplois.
L’économie de la zone est marquée par sa cohérence dans la diversité grâce à une complémentarité incarnée par la cohabitation de la zone high-tech de Sophia Antipolis, de l’industrie de la parfumerie et des arômes, de l’industrie satellitaire et de la filière touristique. Ces pôles d’excellence constituent un atout considérable dans la compétition économique que se livrent les territoires. Dans cet esprit, les établissements de ce grand périmètre ouest sont actuellement impliqués dans huit pôles de compétitivité labellisés, au profit d’une réelle mobilisation potentielle autour d’objectifs partagés.
Imaginons ce que pourrait représenter l’expression d’une voix commune pour soutenir et organiser l’espace autour de ces activités. Cette union politique ferait la force de notre territoire.
La réunion des trois bassins Cannes-Grasse-Antibes placerait l’ouest des Alpes-Maritimes comme premier pôle porteur d’emplois sur les technologies de l’information et de la communication, avec 16 500 emplois sur les 20 400 des Alpes-Maritimes, pour un chiffre d’affaires de 3,6 milliards d’euros sur les 4,2 milliards d’euros de l’ensemble du département. Dans le domaine de la science du vivant, nous représenterions 5 800 emplois sur les 9.500 du département pour un chiffre d’affaire de 1,4 milliards d’euros sur les 2,2 milliards d’euros des Alpes-Maritimes. En matière industrielle aussi, notre territoire, dans une approche équilibrée, dominerait avec 19 000 emplois sur les 36 000 que comptent dans ce secteur les Alpes-Maritimes.
Enfin, en matière de tourisme, les atouts de Cannes, de Mougins, d’Antibes, de Grasse, et de toutes les communes du périmètre, en feraient aussi un territoire modèle par sa prospérité et les emplois générés, en facilitant par la voie intercommunale la cohérence de ses aménagements et la complémentarité des équipements ; tout en protégeant efficacement l’environnement par une politique des transports ambitieuse, à la bonne échelle, et par la sanctuarisation d’espaces naturels, ou peu urbanisés, à protéger.
Equilibre, dynamisme, ambitions raisonnables et partagées, voilà qui nous placerait dans une dynamique de groupe que la mutualisation de certains moyens et service public renforcerait encore.
Surtout, énonçons une évidence : les habitants de nos communes appartiennent en fait non pas à trois bassins mais au même bassin de vie. Les flux de transport, automobiles comme publics, entre le domicile, le lieu de travail et les sites de loisirs et d’achats en sont l’expression manifeste. Nous sommes tous des Antibois, des Cannois et des Grassois.
Cette aire est la plus pertinente au regard notamment de l’objectif de rationalisation administrative voulue par la loi : treize structures intercommunales seraient ainsi supprimées contre seulement huit dans l’hypothèse avancée par la préfecture.
La construction d’une intercommunalité à fiscalité propre de l’ouest des Alpes-Maritimes nous offre une occasion unique d’adapter la réalité administrative et politique à la réalité humaine et économique. Ne ratons pas ce rendez-vous ; évitons d’installer des collectivités alambiquées présentées comme étant «les moins mauvaises » dans les circonstances ou des étapes intermédiaires, qui pourraient durablement plomber la performance de nos territoires, aussi bien en termes de compétitivité économique que de service public et d’optimisation de l’espace.
Plutôt que de la subir, faisons de l’intercommunalité une ambition azuréenne au service de la qualité de vie des habitants et de la dynamique de notre territoire.
Tribune de Bernard Brochand et David Lisnard sur l’intercommunalité dans le bassin cannois
Savoir regarder ses enfants partir. Notes sur la « parentalité »
J’ai eu à ouvrir la conférence de la « journée de la parentalité » organisée samedi 26 mars par la Ville de Cannes. Conformément à la teneur d’échanges sur Twitter, je vous livre les quelques notes personnelles que j’avais rédigées le matin pour préparer ma prise de parole, avant de laisser les experts s’exprimer :
« J’ai l’impression que l’on passe sa vie à être enfant de quelqu’un puis parent de quelqu’un d’autre.
S’interroger sur le fait d' »être parent » renvoie à la relation entre les adultes et leurs enfants. Poser cette relation en termes de parentalité, c’est aussi en faire une question collective, sociale, et même sociétale. C’est ce qui distingue d’ailleurs le néologisme de « parentalité » du terme de « parenté », qui couvre la fonction biologique des géniteurs et le lien génétique de filiation.
Car la parentalité est bien au cœur d’enjeux sociétaux majeurs : non simplement perpétuation de l’espèce, mais transmission de valeurs, de codes, éducation, rapport à l’autre, construction d’une identité, tout simplement d’une société dont la solidité – c’est-à-dire la maturité (et inversement) – dépendra des individus qui la composent.
C’est pourquoi une telle réflexion est essentielle et la municipalité a décidé d’organiser cette journée, placée sous la présidence de Jean-François Mattei, philosophe dont chaque intervention nous aide à être meilleurs.
La parentalité, la Ville de Cannes l’aborde déjà, directement et indirectement, par des actions aussi concrètes et innovantes que l’instauration depuis cinq ans des contrats de famille (196 contrats de familles ont été signés pour 315 enfants, accompagnés sur le plan scolaire, sportif, culturel, ludique, etc, sur la base de contrats de responsabilité), d’un espace d’expression nommé la Ruche pour la « Parole des parents », d’un lieu d’écoute et d’accueil des adolescents – la Chrysalide -, de jardins potagers partagés, de sorties familiales, d’ateliers parents/enfants, etc. Avec bien sûr comme fil rouge la lutte contre l’absentéisme scolaire, les échanges d’expériences entre parents, la mise en relations de parents qui peuvent se sentir perdus avec des adultes d’expérience, professionnels et bénévoles du tissu associatif. Cette liste n’est pas exhaustive.
Elle révèle notre approche volontariste mais aussi un mal être social dont l’étrange vocable « école de parents » est à mon sens le révélateur sémantique un peu par l’absurde.
Vous l’avez compris, je m’exprime à la fois comme père et gestionnaire de la cité.
Poser la question de la parentalité, c’est forcément poser la question de la famille, de l’évolution de sa structure, de son éclatement, de ses incidences sociales.
En tant que père, j’ai évidemment la préoccupation majeure de la bonne éducation de mes enfants, et en tant qu’élu je dois assumer la mission prioritaire d’œuvrer à un bon vivre ensemble, à une société moins violente, à la réalisation d’une communauté homogène, à tout le moins sereine et prospère, d’une identité collective régénérée basée sur des individus partageant un socle commun de valeurs et d’espoirs.
Devenir adulte, c’est aussi devenir citoyen, car c’est s’inscrire dans un champ de sociabilité responsable. En tout cas il le faudrait. En cela, la question de la parentalité est bien centrale.
Même si le suffixe « ité » tue la magie de ce qui en est une : donner de l’amour et des valeurs à des enfants dont nous sommes les parents . Or, le mot « parentalité » me fait penser à « productivité », « rentabilité », etc. ; il donne une scientificité, l’impression d’une exigence froide de résultats à ce qui renvoie avant tout à une relation intime, faite d’amour et de responsabilité, d’une liberté partagée.
Nous sommes libres d’avoir des enfants. Mais symétriquement à une liberté il y a toujours une responsabilité. Nous sommes libres d’avoir des enfants et responsables de leur construction, donc de leur éducation, de leur sociabilité, j’ai envie d’ajouter comme élu, de leur future citoyenneté.
Ma grand mère maternelle, prolétaire – au sens non pas politique mais éthymologique du terme, désignant celui qui « ne possède que ses enfants » – et mère de 9 enfants, ignorait tout de la parentalité. Mais elle en savait beaucoup sur l’éducation de ses enfants, dont les conditions de vie matérielle que nous qualifierions aujourd’hui de précaires ne les ont pas empêché de se réaliser en adultes responsables, assumant des principes et sachant se construire un bonheur non aliéné par la folie consommatrice.
La notion de « parentalité » traduit un malaise social. Son apprentissage doit permettre de retrouver les repères et les fondamentaux de la responsabilité parentale, à commencer par la joie authentique qu’elle procure.
Exercer sa parentalité, savoir être parents, pour moi, c’est dire non à ses enfants.
C’est leur apprendre progressivement à gérer la frustration libératrice du désir immédiat non satisfait.
Leur apprendre à être les enfants de leurs parents et non des enfants de leurs caprices, ces insupportables enfants roi que l’on croise trop souvent, nourris mais non élevés, futurs adultes compulsifs, dépressifs et citoyens non achevés, à l’impatience clientéliste, consommateurs de services publics, à l’humeur insatisfaite.
Enfin, savoir être parent, c’est savoir couper le cordon. C’est en effet apprendre à ses enfants à s’émanciper, à vivre leur apprentissage de l’existence en construisant un projet de vie fait de rêves et de difficultés transcendées, leur transmettre la confiance en la société et en eux-mêmes, leur apprendre à partir, si possible avec beaucoup d’espérances et sans trop d’illusions.
Oui, être parent, c’est savoir regarder ses enfants partir et être heureux de leur liberté.»
David Lisnard, Cannes, le 26 mars 2011
A la surenchère populiste, les démagogues seront toujours les plus offrants
« Des récents sondages ont placé Madame Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Dans l’agitation politico-médiatique qui s’en est suivie, les leaders du Parti Socialiste ont cru bon d’accuser le Président de la République d’être la cause d’une montée de l’extrême droite.
Cette accusation, comme toujours reprise en boucle par certains « commentateurs » très engagés de l’actualité, s’assimile à une de ces supercheries dont se nourrit le Parti Socialiste français, décidément bien archaïque et incapable d’offrir un discours moderne, certes d’opposition mais constructif, et préférant se complaire dans la critique systématique et primaire de Nicolas Sarkozy.
En effet, d’une part n’oublions jamais qu’historiquement, le meilleur allié du Front National fut… François Mitterrand, qui fit tout pour permettre au mouvement d’extrême droite d’émerger et de gêner le Centre et la Droite Parlementaire, en particulier par l’adoption du scrutin proportionnel en 1986.
N’oublions pas non plus que le Front National s’est retrouvé au second tour de l’élection présidentielle, non pas de façon virtuelle dans un sondage, mais par les urnes, en 2002, et non pas après cinq ans de politique de Nicolas Sarkozy mais bien cinq ans de gestion socialiste, sous la houlette du Premier Ministre Lionel Jospin.
N’oublions pas enfin que Madame Le Pen se renforce aujourd’hui sur le terrain du social, sur lequel les socialistes s’avèrent incapables de formuler des propositions audibles et crédibles.
Plus grave, les attaques répétées, violentes et systématiques contre le Président de la République – contre sa personnalité même – et le Gouvernement créent un climat de populisme qui alimente aujourd’hui pleinement le « Lepénisme ».
L’utilisation répétitive comme épouvantails des mots « mondialisation », « délocalisations », « ultralibéralisme », « stock options », etc., réunit ceux qui à gauche comme à droite refusent de voir que l’essentiel de nos problèmes vient non pas des « autres », mais bien des rigidités de la société française, qui fait la part belle à toutes les revendications et décourage les classes moyennes, les salariés et patrons de PME, de commerces, les artisans, les professions libérales, les jeunes porteurs de projets, etc. La France protégée sclérose la France de la vie réelle… Les avantages acquis des uns font la précarité et le chômage des autres. Et enferment notre pays dans la dépense et le surendettement publics.
Face à ces problèmes lourds de notre société, qui renvoient à la question du pouvoir d’achat mais surtout à la capacité d’espérer des classes d’âge qui vont devoir assumer la France d’aujourd’hui et de demain, les socialistes auraient pu faire valoir leur différence sur le fond en apportant leurs arguments. Mais ils préfèrent les postures, les procès d’intention, en sorcellerie, la diabolisation a priori à la comparaison a posteriori des idées, des valeurs et des propositions des uns et des autres. Et ils tirent l’offre politique vers le bas.
C’est cette facilité de l’humeur, de la flatterie, de la « bien-pensance » vêtue des oripeaux de l’indignation, qui porte un grave discrédit à l’action politique en général, et profite finalement aux extrémistes.
Cette conclusion s’adresse à tout l’éventail du champ politique, y compris au mouvement auquel j’appartiens, car chacun a sa part de responsabilité : ne cédons pas à la facilité de la simple compassion et de la recherche des suffrages par la peur, l’émotion, l’effet d’annonce. Car à la surenchère populiste, les démagogues seront toujours les plus offrants. Et donc les gagnants.
Notre chemin et notre responsabilité sont de déployer avec sérénité, fermeté et sens des réalités nos projets, nos actions concrètes, nos explications. Il faut avoir le courage, la pédagogie et la constance de rétablir une vie politique basée sur la raison dans la durée et non l’émotion dans l’instant.
Et affirmons dans les actes notre vocation – c’est ma conviction – d’agir au service des classes moyennes, c’est-à-dire de la majorité silencieuse des Français, trop riches pour bénéficier d’un système social à bout de souffle et qui conduit à l’assistanat, et trop pauvres pour échapper (notamment par les niches fiscales) à un système d’impôts et de charges confiscatoire, qui pénalise le travail et l’initiative.
L’enjeu dépasse de loin les simples échéances électorales : il concerne l’avenir de notre pays et la vitalité de notre démocratie. Il concerne une certaine idée de la France.»
David Lisnard, le 11 mars 2011
« Le rappel à l’ordre d’Eric Ciotti aux élus du bassin » : réaction de Bernard Brochand et David Lisnard
Communiqué de presse
Cannes, le 7 janvier 2011
A la suite de l’article paru ce jour dans Nice Matin sous le titre « Le rappel à l’ordre d’Eric Ciotti aux élus du bassin », relatant les propos du président du Conseil Général lors de ses vœux à la presse, Bernard Brochand, député-maire de Cannes, et David Lisnard, conseiller général des Alpes-Maritimes et premier adjoint au maire, tiennent à remercier Eric Ciotti de son soutien à travers ce sévère rappel à l’ordre aux dissidents et opposants à la municipalité cannoise, investie à chaque élection et incarnant la légitimité de la majorité présidentielle, donc départementale.
Soulignant qu’ « il y a dans ce secteur trop de combats politiques, trop d’inimitiés entre les élus » et qu’ « on ne peut pas se permettre de tels combats au sein d’un même camp, et notamment à Cannes », le président du Conseil Général rejoint là la conviction des élus de la municipalité cannoise qui, à maintes reprises, ont manifesté leur volonté d’apaisement et donné, en ce sens, des signes forts, notamment dans le cadre de la coopération intercommunale et à chaque échéance électorale.
Bernard Brochand et David Lisnard espèrent donc que le message sera reçu et entendu par les intéressés et qu’ainsi cesseront les agressions systématiques à l’égard de leur majorité attachée aux valeurs de l’union et de l’intérêt général. Ils s’engagent d’ailleurs à continuer à ne pas présenter de candidats dans les deux communes en question.
Dans ce même esprit de concorde, la Ville de Cannes, comme elle le fait depuis 2001, soutient la mise en place d’une intercommunalité de projets à l’échelle Cannes-Grasse-Antibes, incluant toutes les communes.