Chabadabadabada, c’est la journée de la femme

Je ne suis pas spontanément partisan de la célébration d'une journée de la Femme. Cela pose d'emblée le postulat qu'une moitié de l'humanité se distinguerait en "creux" et en "faiblesse" de sa moitié jumelle.

Ce n'est pas ma vision de l'Homme. Mais enfin, cette journée existe et elle a au moins le mérite de rendre hommage aux femmes, de dénoncer les discriminations dont elles restent victimes dans de nombreux pays et même en France dans trop de domaines.

 

Soyons clairs, si à mon sens les critères de féminité et masculinité relèvent de paramètres qui heureusement ne sont pas du ressort de l’action politique mais de l’analyse scientifique (dont l'anthropologie) et de la considération mutuelle des uns (des unes) à l'égard des autres, en revanche, force est de constater que le critère de parité, qui lui, relève de la sphère publique, est loin d'être établi. Si ce n'est dans les textes, du moins dans les pratiques.

 

Je préfère travailler avec un homme compétent qu'avec une femme incompétente, avec une femme compétente qu'avec un homme incompétent ; et pour tout vous dire, je ne me pose pas la question. En revanche, je suis scandalisé qu'en 2012, à compétence et poste égaux, une femme puisse encore gagner en France jusqu'à 20 % de moins qu'un homme. Je suis outré que certains posent la question de la polygamie, mais que dans un sens !

 

 A  titre personnel, professionnel ou politique, sur le plan des droits et de la considération à porter à autrui, je n'ai jamais considéré qu'il y avait de ligne de démarcation entre les sexes. Je ne vois pas autour de moi des hommes ou des femmes, mais des collègues, des collaborateurs, des clients, des fournisseurs, des militants, des citoyens, etc, bref des relations  sociales, de travail ou d'engagement… indistinctement du sexe, de  l'origine, de la condition, du physique. 

 

Je dois même dire que je n'ai qu'à me féliciter de cette mixité et, contrairement à des clichés encore trop répandus dans certains milieux, certaines femmes sont bien plus volontaires, pugnaces, franches et "en gros" solides que bien des hommes… L’inverse aussi peut être vrai !

 

Mais la parité pose problème car la discrimination purement sexuée, combattue par des textes, notamment la loi du 8 juillet 1999 relative à l'égalité entre les hommes et les femmes, loi constitutionnelle dite de parité, masque d'autres discriminations plus "rampantes" et renvoyant à la même problématique.

 

En effet, qu'en est-il par exemple de la discrimination à l'allure, inavouée mais source de discrimination dans la discrimination ? Qu'en est-il de la confiance en soi, véritable critère de discrimination "intériorisée" et d'élimination des femmes qui, à compétences égales, n'osent pas toujours valoriser leur savoir-faire ou leur expérience.

 

Accompagner la parité c'est aussi donner aux recruteurs les outils et les réflexes pour valoriser ce potentiel et positiver un apport réellement essentiel dans une entreprise ou au sein d'une équipe.

 

Aujourd'hui encore, on compte seulement 12 femmes à la tête des cinq cents plus grandes entreprises du monde. Autant d'arbres qui cachent une immense – et injuste – forêt. En France les femmes occupent 57% des postes de la fonciton publique de l'Etat et 12% des emplois supérieurs au sein de cette administration et de la magistrature.

 

Bien sûr, et c'est sain, des progrès considérables sont enregistrés notamment en politique, car il fallait bien balayer devant sa porte, où en 2011, 76 femmes ont été élues au Sénat et représentent 21,8% de la Haute Assemblée.

Lors des législatives de 2007, la proportion de femmes élues a atteint 18,5%, soit un net progrès par rapport à 2002 (12,5%). Si l'on compte 48% de femmes dans les Conseils régionaux en 2010 contre 47,6% en 2004 et 27,5% en 1998, seules deux femmes sont à la tête d'une Région. Aux élections municipales de 2008, le pourcentage des conseillères municipales est passé à 35%. Mais malgré ces chiffres encourageants, seuls 13,8% des Maires sont des femmes et celles-ci ne dirigent que 6 des 38 communes de plus 100 000 habitants.

Ne parlons pas des tendances lourdes et persistantes qui indiquant que, bien que proportionnellement plus nombreuses que les hommes à accéder aux études supérieures, les femmes demeurent moins présentes dans les filières les plus cotées, subissent davantage de chômage, de temps partiel non choisi, avec un écart de salaire moyen en leur défaveur.

 

La question de la parité renvoie donc bel et bien à des choix ou du moins des approches de société. Il existerait une sorte de "plafond de verre" qui freine la stricte équité entre le traitement des hommes et des femmes.

 

Ces freins sont sociaux et culturels :

 

– la gestion des temps, l'articulation des trois vies : vie de famille-vie professionnelle – vie associative;

 

– les représentations stéréotypées des places et des rôles des hommes et des femmes dans la société (cette division des rôles légitime dans le mauvais sens les inégalités constatées à l'accès aux postes de décisions);

 

– le rapport au pouvoir et aux responsabilités (par construction culturelle les femmes ont plus de mal à se projeter dans des emplois à fortes responsabilités);

 

– la dévalorisation "intériorisée" et la sous-estimation des compétences et des ressources des femmes… y compris par les intéressées elles-mêmes !

 

Ces freins sont aussi organisationnels et structurels :

 

– la gestion des ressources humaines;

 

– l'organisation de la vie associative, professionnelle et politique qui intègre peu les contraintes familiales qui se posent essentiellement aux femmes au sein du foyer; le cumul des mandats et les pratiques de cooptation qui restent défavorables aux femmes.

 

Si la journée de la femme permet de faire un zoom sur ces questions et de faire avancer les choses, alors célébrons-là, mais allons plus  loin et posons la vraie question de la parité en général : si le salaire de la mère est supérieur à celle du père au sein d'une famille, il est probable que les rôles domestiques traditonnels s'inversent. Est-on bien certains alors que la discrimination vise les femmes ?

 

Ne vise-t-elle pas plutôt le maillon faible économique du foyer, qu'il s'agisse de l'homme ou de la femme ? Si,ayant épuisé toutes le voies de l'embauche, un homme décide de postuler comme assistant maternel, ne se heurte-il pas à une discrimination à l'embauche aussi injuste que celle faite aux femmes dans d'autres métiers, mais en vertus des même a priori ?

 

Oui, profitons de cette journée dédiée pour dépasser la question de la Femme et poser celle de la parité, avec franchise, réalisme et pragmatisme.

 

Quelques pistes se dégagent :

 

 – sensibiliser l'ensemble des partenaires à la nécessaire articulation entre parentalité et emploi;

 

– mobiliser les employeurs à de nouveaux modes d'organisation du travail (qui bénéficierait autant aux mères de familles qu'à cette fameuse génération Y sans enfants, mais en demande d'espace personnel pour être plus productive et créative);

 

– développer des moyens y compris fiscalement attractifs pour faciliter cette conciliation (comme le chèque emploi service universel).

 

Voilà les pistes les plus immédiates pour encourager une vraie parité parce qu'elle encourage avant tout la liberté des familles de disposer d'elles mêmes et stimule la libre reconnaissance des femmes de leur propre potentiel.

 

En ce 8 mars 2012, l'homme est plus que jamais le meilleur allié de la femme.

 

J'espère que ces quelques données bien sommaires et ces pistes de réflexion, tracées à grands traits, auront apporté un peu d'eau au moulin d'une République qui ne "stigmatise pas", puisque ce verbe est passé maître dans la défense de nos idéaux.

 

Ne pas stigmatiser les femmes, ce n'est pas diminuer, bien au contraire, l'homme, avec un grand H et un petit h.

Au sujet de cet article

8 mars 2012 - 12 h 12 min

Debats


4 Commentaires

  • Jean-Philippe GREGOIRE 8 mars 2012 - 14 h 07 min

    "je suis scandalisé qu'en 2012, à compétence et poste égaux, une femme puisse encore gagner en France jusqu'à 20 % de moins qu'un homme"
    Tout à fait d'accord avec toi. Mais je me suis toujours demandé si ce chiffre n'était pas biaisé par les 4/5èmes très répandus chez les femmes. J'ai connu des femmes managers dans des PME et leur salaire n'était en rien inférieur à celui des hommes… en taux horaire.
    Je crois qu'il faudrait aussi souligner une des très grandes réussites de la France – et que toute l'Europe nous envie : le taux de femmes actives professionnellement. Notre modèle social n'est absolument pas celui de la femme au foyer.

  • Nadia Moussalem 8 mars 2012 - 18 h 29 min

    Quel plaisir de lire David en ce jour ! C'est la première fois qu'une lecture me fasse autant plaisir !
    Une journée pour les femmes ! et 364 pour les hommes !  voilà l'égalité qui satisfait plein de femmes mais qui en fait n'existe pas et ne peut pas exister .  
    Femme +  Homme = Complémentarité et richesse 
    Femme = Homme : aucun intérêt , sauf devant la loi et la conscience!
    Heureusement on ne vit pas dans un monde égalitaire , alors bonnes fêtes à celles qui ont envie de fêter , c'est bon pour la santé .

  • David Lisnard 8 mars 2012 - 19 h 30 min

    Merci Nadia de ton message.

    Jean-Philippe, Je partage à 100 % ta conclusion sur le modal social français et viens de faire un speech sur ce thème, en soulignant la comparaison, avantageuse sur ce point pour notre pays, avec le modèle allemand.

  • Nicole 21 avril 2012 - 22 h 06 min

    perso je n'aime pas les féministes elles ont fait bcp de  dégâts et je mets en partie à leur compte le nombre de divorces aujourd'hui ! donc la journée de la femme  même étant une femme ça me fait ni chaud ni froid.