Le pouvoir et la vie : choisir. Valéry GISCARD D’ESTAING. Récit. Cie 12 – 548 pages.


« Voilà donc le troisième tome des aventures de Valéry Giscard d’Estaing à l’Elysée. Sur ce bel ouvrage de l’ancien Président de la République, tout a été dit et écrit concernant ses relations avec Jacques Chirac, dans le cadre de la campagne de la Présidentielle de 1981. Mais l’intérêt du livre est multiple :
– D’abord, il laisse toujours cette impression étrange, s’agissant de Valéry Giscard d’Estaing, qui tourne autour d’une question : comment cet homme peut-il être à la fois aussi intelligent, séduisant, innovant, et parfois d’une naïveté, ou plutôt d’un décalage, particulièrement agaçant, surtout lorsque les descriptions, au style littéraire un peu poussé, de « la vie », ne parviennent pas à totalement expliquer le manque de réaction, et soulignent l’impuissance pourtant « du premier des Français » face à l’effet dévastateur du dénigrement et de la calomnie, ici évidemment dans « l’affaire » des diamants, également sur le caractère monarchique et condescendant du septennat. Etrange aussi cette description des « lieux du pouvoir », qui, se voulant directe et simple, produit me semble-t-il l’effet inverse et cultive l’image de châtelain accolée à « l’ex », selon l’expression de Jean-Edern Hallier.
– En tout cas, un bel exercice de vérité pour celui qui, à juste titre, a voulu dédramatiser et objectiver la vie politique française.
– Le tout avec une belle plume. Même si l’on sent une grande envie d’écrire avec poésie, les passages sur « le pouvoir » sont rédigés dans un style plus naturel que ceux sur « la vie »… Ce qui n’est pas étonnant.
– enfin, en filigrane de ce roman vécu, la relation permanente, bien que parfois sous-jacente, avec Raymond Barre est particulièrement intéressante ; le lecteur la ressent manifestement complexe bien sûr, correcte toujours, respectueuse certes, mais imprégnée de ce fond de paranoïa sans laquelle la vie publique serait une sereine, et peut-être banale, arène.
Chassez le naturel, il revient au galop, comme le désir de pouvoir. En l’occurrence, c’est la vie (et c’est dans le titre).
Valéry Giscard d’Estaing comme toujours nous prend à contre-pied : soudainement poétique quand il est technocrate, séducteur et séduisant quand il parle vision économique, à côté quand il croit être au centre, élitiste quand il fait preuve de proximité, populaire quand il est professoral. Valéry Giscard d’Estaing donne sa version de la fin de son mandat, de son action, de ses décisions difficiles sur fond de chocs pétroliers.
Toujours et encore, il aime regarder la France au fond des yeux. Mais n’a-t-elle pas depuis longtemps détourné le regard ? C’est certainement dommage, ne serait-ce que pour l’intérêt d’une analyse juste de la période. » DL

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13 mars 2007 - 7 h 46 min

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